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C'est un pays... j'te raconte pas

 
 Caro
(@caro)
Noble Member

Je savais pas o๠mettre ça, alors voilà , c'est là .

Vous vous doutiez bien que vous alliez pas vous en sortir comme ça†¦ parce que moi, j'en suis pas sortie indemne.

J'avais vraiment envie de faire un message concernant un pays extraordinaire, à  plusieurs points de vue. La Colombie.

Depuis ici, l'on croit être au courant de ce qu'il se passe dans le pays, parce que régulièrement ces dernières années, on nous serine avec le sort d'Ingrid Betencourt, séquestrée par les FARC (Forces Armées Révolutionnaires de Colombie, pour ceux qui auraient une petite lacune).

J'utilise volontairement le verbe "seriner", parce que c'est vraiment ce que je ressens, ainsi que certains Colombiens. L'on parle d'elle parce qu'elle est à  moitié française, qu'elle a la chance d'avoir sa famille hors du pays; famille qui a accès aux médias. Elle n'est pas seule là -bas. Des centaines de gens - de Colombiens anonymes - sont encore détenus par cette guérilla, qui n'est pas la seule en Colombie. Il y a aussi par exemple, l'ELN. Ce sont donc des guérillas d'extrême gauche, qui – à  la base – revendiquent plus de justice sociale.

Nous avons dans le camp opposé, les paramilitaires d'extrême droite, qui eux assassinent impunément (le mot est pesé) tout ce qui se rapproche ne serait-ce que vaguement de l'extrême gauche (pas forcément des guérillas), comprendre les associations civiles, civiques, les syndicalistes (je pourrai vous la refaire plus tard en détails, celle-là ), les activistes des droits humains en général. Officiellement, le Dr Alvaro Uribe (président colombien depuis près de 8 ans si je ne fais erreur) veut mettre fin à  ces agissements. Certains chefs ont été mis en prison, o๠ils continuent à  mener une vie bien remplie et depuis lesquelles ils donnent leurs ordres à  l'extérieur; l'amnistie a aussi été promise à  ceux qui rendraient les armes. Officieusement, Uribe est plus que soupçonné d'être de mèche avec les paras. On m'a aussi dit qu'il était à  la limite du fascisme. De fait, sa politique très dure a fonctionné en partie, la Colombie étant un pays plus sûr maintenant qu'il y a 15 ans, dans la vie de tous les jours. L'armée est à  peu près fiable, ainsi que la police.

N'oublions pas non plus les narco-trafiquants, qui ont eux aussi largement contribué à  la légende colombienne, dont ce cher Pablo Escobar, qui s'est fait descendre à  Medellin en décembre 1993. Sans parler du cartel de Cali, qui était lui aussi bien connu à  l'époque. Narco-trafiquants qui s'acoquinent souvent avec l'une ou l'autre partie citée plus haut, car au bout du compte, ça se bat beaucoup pour l'argent de la coca; qui pour aider à  "la cause", qui pour se renforcer, qui encore pour son propre enrichissement personnel.

Tout ça est évidemment passablement simplifié, les Colombiens eux-mêmes n'arrivant plus à  démêler l'écheveau de leurs problèmes internes. (Alors quand Chavez arrive comme un †¦ boulet dans un jeu de quilles, ça leur plaît pas des masses et je peux comprendre).

Je suis donc partie en Amérique du Sud en ayant décidé d'aller mettre un pied en Colombie, à  Cartagena de Indias sur la côe caraà¯be, parce qu'on m'avait dit que la ville coloniale est absolument magnifique. Je m'étais dit que je ne devais pas trop risquer, étant donné que j'arriverais à  bord d'un bus depuis le Venezuela et que je ne resterais que quelques jours dans le pays, qui plus est dans un endroit touristique. Evidemment, comme beaucoup d'entre-nous, j'avais cette image de pays vivant dans le chaos, o๠il est impossible de faire 3 pas dans la rue sans risquer sa vie.

Et puis, en rencontrant quelques Colombiens en cours de route et en me souvenant de ceux que j'avais déjà  croisés en Europe, je me suis dit qu'après tout, un pays dont les habitants ont l'air si sympas ne pouvait pas être si mauvais et que je devrais voir par moi-même, puisque j'étais sur place. Ok, me suis-je dit, 2 semaines, ça me laissera le temps d'aller voir jusqu'à  Medellin. Ville dont j'avais lu qu'elle avait beaucoup changé, qu'elle était la plus moderne d'Amérique latine.

Je suis entrée en Colombie le 29 décembre 2007 et en suis repartie le cÅ“ur en berne le 1er mars 2008.

Et c'est pas parce que les FARC avaient décidé de me garder un peu avec elles.

Le choc a été double, on peut dire, comme pour la plupart des touristes que j'ai rencontré là -bas (et j'en ai rencontré !). C'est à  dire que nous arrivons – presque – tous dans ce pays avec une bonne petite appréhension. Et l'on se rend vite compte des réalités de la Colombie. Que c'est pas l'état de siège. Et que ses habitants ne sont pas sanguinaires.

Au contraire, les Colombiens sont un peuple extraordinaire de gentillesse, d'attention, de curiosité, de solidarité. Ils sont intelligents, recherchent l'esthétisme, connaissent super bien l'histoire de leur ville, leur région, leur pays. Ils sont fiers sans être arrogants, au contraire. Ils sont modestes sans être effacés. J'ai dû faire prolonger mon visa, j'ai passé une heure à  crever de rire dans les bureaux du DAS de Bucaramanga avec les employés. Je ne peux pas compter le nombre de fois o๠on m'a aidée avec mes sacs, o๠on m'a offert à  boire lors d'une longue et difficile promenade, o๠on a traversé la moitié d'un bled avec moi pour m'aider à  trouver un endroit, o๠on est venu me parler dans la rue simplement pour me souhaiter la bienvenue en Colombie, o๠on m'a donné des conseils comme ça juste en passant, pour qu'il ne m'arrive rien (genre brûler au soleil, me noyer dans les courants caribbéens), etc. Et les sourires, toujours, tout le temps. Les discussions avec des inconnus juste parce qu'on est là  en même temps.

Les Colombiens – dans leur grande majorité – font attention les uns aux autres, s'adressent les uns aux autres avec gentillesse, tendresse même et respect. Ils donnent envie de rester avec eux parce qu'ils traitent les étrangers de la même manière.

Et le pays en lui-même est tout simplement l'un des plus beaux pays que j'aie visité jusqu'à  maintenant. C'est un pays immense, 2ème ou 3ème en Amérique latine de par sa superficie. Le seul du continent sud-américain à  avoir des côes sur le Pacifique et sur les Caraà¯bes. C'est le pays o๠la cordillère des Andes se divise en trois, créant des vallées immenses, des hauts plateaux; Bogota se trouve d'ailleurs à  2600m environ. Et cela se rejoint quand les Andes se jettent dans la mer des Caraà¯bes (ohlà là  que c'est beau. c'est vrai, ça existe aussi au Venezuela, mais c'est un autre problème, bref). Et puis il y a la partie amazonienne aussi, énorme. Et puis il y a les fleuves, les canyons, la zona cafetera absolument incroyable. C'est un pays de montagnes et d'eau.

Et je n'ai pas tout vu. Je n'ai pas eu le temps d'aller dans bien des régions, bien des endroits.

J'ai vécu dans la paix la plus absolue à  San Agustin, au sud-ouest, région archéologique très importante à  l'échelle latino-américaine et paysage à  couper le souffle. L'on se trouve près des sources du Rio Magdalena, plus long fleuve de Colombie, qui va se jeter très loin au nord dans les Caraà¯bes, à  Barranquilla (ville renommée pour son carnaval et patrie de Shakira). Il y a des vallées vertigineuses, couvertes de forêt ou de plantations de café, de bananes ou de canne à  sucre. J'y ai rencontré les gens les plus adorables de Colombie (c'est vous dire !). Je n'ai pas eu besoin de faire attention à  moi, à  mes affaires. Et vous savez quoi ? Ben tout autour y a plein de FARC.

J'ai vécu dans la sérénité au jour le jour sur la côe à  Taganga, en maillot de bain et à  pieds nus, me baladant avec l'argent à  la main, pendant près de 3 semaines. Et vous savez quoi ? Ben tout autour y a plein de FARC.

J'ai fait du rafting et du parapente à  San Gil, je me suis promenée à  Villa de Leyva sans la moindre arrière-pensée. J'ai flà¢né dans les rues de Popayan. Je suis sortie à  Cali et j'ai adoré Medellin. J'ai visité des musées un peu partout. Pas des musées poussiéreux. Non, partout, dans le moindre bled, des musées intéressants. J'ai appris à  mieux connaître Fernando Botero. J'ai appris à  respecter encore plus Gabriel Garcia Marquez. Pour ne citer que les plus connus.

J'ai appris que si Medellin est bien plus tranquille maintenant, il faut respecter le nom de Pablo Escobar, tant il a donné à  la ville. Je sais que le cartel de Cali se porte à  merveille, mais que si tu y vas pour danser la salsa, c'est d'enfer.

Voilà , la Colombie, c'est un pays qui t'ouvre ses bras et son coeur en grand et sans condition.

Las drogas producen amnesia y algo más que no me acuerdo.

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Début du sujet Posté : 20/03/2008 5:02 pm
(@Anonyme)

En Colombie y'a un proverbe.

"L'étranger quand il arrive en Colombie il braie deux fois.
Une fois quand il arrive,
et une fois quand il repart."

Voyage Voyage !

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Posté : 20/03/2008 11:06 pm
 glou
(@glou)
Estimable Member

oui mais seulement en columbia del chnorte 😉

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Posté : 21/03/2008 9:02 am
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